22.11.04

rock'n'roll

On dirait un atelier automobile, d'ailleurs c'est exactement ce que ça devait être avant de devenir un club de rock : il y a encore les fosses qui permettent de travailler sous une voiture, elles sont éclairées au néon bleu fluorescent et couvertes de grilles, au beau milieu de la salle. L'endroit ne pouvait donc mieux se prêter à une soirée garage-rock, avec les Tiki Tiki Bamboooos et leur hula-hula-surf-garage hawaïen, un groupe deuxième degré et clins d'yeux qui possède néanmoins une technique nettement supérieure à la moyenne des combos de ce style. Tout de même, après 45 minutes, B&L commencent en avoir ras le collier de fleurs du hula-hula… La deuxième partie de la soirée était animée (c'est le cas de dire, un claviériste particulièrement déchaîné en faisait voir de toutes les couleurs à son Farfisa) par Teenage Music International, un groupe qui a largement dépassé l'âge en question mais qui en connaît un brin rayon groove. Le public du Lovelite vaut d'ailleurs aussi le déplacement, look de bad boys pour la plupart mais très sympa.

Le lendemain samedi, c'est un tout autre public qui remplit le Huxley's Party Palais : papas rock'n'roll avec leurs fils adolescents et aussi rock'n'roll, starlettes en santiags et dandys au look savamment négligé. Les Mooney Suzuki font la première partie : le chanteur a l'air d'avoir une gueule de bois carabinée, il chante à côté du micro et est à peu près inaudible pendant une bonne partie du set ; le guitariste paraît plus préoccupé par sa coupe de cheveux que par la musique, s'il s'excite de temps à autre c'est pour démontrer sa technique de guitare couché sur le dos ou derrière la tête, le bassiste tout de blanc vêtu prend des poses ridicules… Le public a quand même l'air content, mais on apprécie très moyennement: ils sont bons mais ennuyeux. On se dit qu'on a peut-être dépensé nos petits sous en vain si le deuxième concert est aussi surfait. Les Kings of Leon débarquent sur scène, avec mis à part pour le batteur des accoutrements dignes d'un look années 80 qu'on avait préféré rayer de nos mémoires. Et là, c'est la claque : comment font-ils pour jouer aussi bien et avec autant d'énergie, ces petits jeunes ? Le petit frère bassiste a 17 ans et il remplit la salle avec un gros son, le cousin guitariste de 20 ans connaît autant de sales ficelles rock que Keith Richards. Le chanteur à peine plus âgé a une voix vraiment déchirée, on s'en était rendu compte sur disque, mais en live il est vraiment possédé par les démons de son bayou du Vieux Sud. Enfin, le frère aîné (24 ans) se cache derrière sa batterie et sa barbe, mais c'est lui la tête pensante du groupe qui compose la plupart des morceaux. Ils n'ont vraiment pas volé leur succès (d'ailleurs des fils de pasteur ça ne vole pas, à part le cœur des demoiselles présentes dans la salle) et on va de ce pas acheter leur deuxième album.